Enduro du Val d’Illiez 2017

Gorge enrouée, « nasaux » obstrués, corps fatigué, je me réveille avec les traces bien présentes de la course de la veille. Il en faut plus pour renoncer à cette dernière manche de la Coupe Suisse. Les riders ont répondu présents pour cette 1ère édition de l’Enduro du Val d’Illiez malgré les frimas. Il aura fallu 3 bennes pour acheminer l’imposant peloton au sommet de la Croix de Culet. Le mercure affiche péniblement quelques degrés au-dessus du zéro.

Bien emmitouflé, je me laisse descendre sur la piste rouge jusqu’aux Crosets. Le terrain est bien humide, mon choix pour de tendres et imposants crampons devrait s’avérer judicieux. Esseulé dans la liaison vers la SP1, le brouillard est tenace. Je remonte timidement les concurrents qui font la queue pour le « start » et vient me loger derrière Max Chapuis & Flo Golay.

Après de belles épingles toute en glisse, la suite devient plus chaotique avec une crête pleine de racines très difficile à maîtriser avec les pluies du jour précédent. Très rock’n roll, des frayeurs, « sur des oeufs », pas très rapide mais je parviens à rester sur mon vélo. Moins de 4 minutes mais quelle intensité d’entrée!

Retour aux Crosets par une route bitumée tantôt descendante, tantôt ascendante. Et déjà un premier ravitaillement qui fait du bien. On s’attarde pas et nous décollons pour les Mosettes. Là-haut ça ne rigole pas, un vent glacial et des restes de neige en guise d’accueil. Avant que les doigts ne se figent, je coupe la cellule pour cette seconde spéciale avec passablement de virages relevés bien glissants et amusants. Quelques relances et me voilà rapidement en bas avec un « run » propre. Contrairement aux vélos qui profitent de quelques jets d’eau disposés aux Crosets.

Petit attroupement au départ de la SP3 avec une certaine tension. Annoncée comme le tracé le plus technique, difficile de savoir à quoi s’attendre. Ce d’autant plus que quasi tous les pilotes roulent « à l’aveugle », le parcours ayant été dévoilé la veille au soir seulement.

Une fois les deux prés supérieurs passés, les points d’interrogations font place à la circonspection face au défi technique proposé. Un chemin enchaînant des épingles tortueuses, rempli de racines toujours mal placées et de rochers mal alignés. Un véritable « challenge » surtout dans ces conditions humides. Tout un art de slalomer entre les pièges sprayés et trouver les lignes les plus fluides dans ce chaos naturel.

Plutôt efficace sur le haut, je rattrape Salamin, le compagnon du WE, qui me laisse prendre « l’inter » dans une épingle. J’enchaîne avec une ligne osée sur des pierres qui se termine par une belle zipée sur le fessier droit. Outch! Quelques épingles plus loin, je coupe, soulagé, le tapis d’arrivée. Ouf! Quel morceau. Les organisateurs ne nous avaient pas menti… Sans doute la spéciale la plus dure techniquement jamais roulée en course.

Le programme avait prévu une pause à la mi-journée. On ne s’en prive pas. L’occasion de souffler un peu, se changer, contrôler le vélo. Au centre de course, les résultats des 2 premières spéciales ont déjà été publiés. C’est plutôt serré et beaucoup de pilotes se tiennent dans un mouchoir de poche. Lüthi, Golay, Chapuis et un Favre en grande forme. Je n’ai pas raté le wagon. Tout va se jouer dans les 2 derniers chronos.

La liaison vers la SP4 s’avère plus longue qu’imaginée. Par chance un ravitaillement magnifiquement préparé nous invite à faire un « break ». Un vrai « pit-stop » avec un choix de produits sans pareil, locaux qui plus est! Viande séchée, jambon cru, fromages, pain, fruits, chocolat, boissons fraîches, breuvages chauds… Sans l’ombre d’une hésitation « Feed Zone Award 2017 » pour l’organisation. Bien joué!

On reprend les guidons…et la digestion. 14 heures tapantes, retour aux affaires! Grosse attaque tout en contrôle dans la spéciale 4. Magnifique tracé avec de très beaux passages, de jolies épingles et de la vitesse. Gare aux racines et autres dalles mouillées. Très satisfait en bas de la dégringolade. Les riders arrivent euphoriques!

La 5ème spéciale arrive assez vite après un ultime passage au ravito. Bien concentré pour cet ultime chrono de la saison, je sais que niveau classement ça risque d’être tendu. Beaucoup de plaisir à nouveau avec des enchaînements rapides et des virages plus ou moins fluides sous l’oeil de nombreux spectateurs disposés aux croisements des routes. Un petite partie « XC » dans le final où je libère mes dernières cartouches. A fond jusqu’au bout et sans erreurs. Super content de terminer la course puisque j’aurais rallier l’arrivée de toutes mes épreuves 2017.

Comme pressenti, la lutte a été serrée jusqu’au bout. Au final, je termine avec joie à la 3ème place scratch pour cette 1ère édition de l’Enduro du Val d’Illiez. Conclure la saison par une victoire aurait été magique… 6 petites secondes de trop ma fois! Bravo à Lüthi & Golay, un soupçon plus rapide.

Grand coup de chapeau aux organisateurs champérolains qui ont brillamment géré leur premier millésime sans fausses notes. Un réel plaisir d’évoluer aux pieds des Dents-du-Midi!

Enfin, c’était également l’heure des comptes puisque l’Enduro Heleveti’Cup arrivait à son terme. Toujours sur le podium lors des 5 manches, j’accroche la 2ème place de la Coupe Suisse 2017, objectif atteint! Respect à Patrick Lüthi pour son hégémonie cette année et ses 4 victoires.

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Cette fin de calendrier a été intense. Content d’avoir tenu le choc jusqu’au bout. L’automne est désormais bien installé c’est le moment d’en profiter avec ou sans vélo. Je reviendrai dans quelques temps avec un bilan plus détaillé sur cette saison 2017 de rêve et mes perspectives futures.

Bon ride, bonne chasse, bonne Foire!

A bientôt

Emmanuel