Programme de compétition « restructuré », le retour aux affaires s’est révélé bien plus tardif qu’à l’accoutumée pour cette nouvelle saison. Alors qu’habituellement j’affiche déjà une forme étincelante durant cette période, il en est tout autre cette année. Un volume d’entraînement en forte de baisse couplé à quelques petits pépins physiques et une santé mentale fragile m’ont passablement torturé ces derniers mois. Ce voyage à Dignes-les-Bains, à l’occasion de l’Enduro des Terres Noires, était donc teinté de quelques points d’interrogations et d’une confiance vacillante.
Samedi, un programme copieux a rassasié les riders, même les plus affamés. 4 spéciales chronométrées, plus de 50 kilomètres et 2000 mètres d’ascension. Une entrée matière plutôt fortes en sensations dans la première spéciale sous forme de montagnes russes qui m’a même fait voir les étoiles… Une bonne série d’entre nous ayant fait les frais d’une attraction inexpliquée au fond d’une ravine.
En liaison, les sentiers, victimes des nombreux épisodes pluvieux des jours passés, sont gorgés d’eau et de boue. Avant la fameuse seconde spéciale des Crêtes, le ciel se fonce, les nuages se bombent, l’orage menace. Je finis lessivé. Non pas par la pluie mais plutôt par l’effort enduré pour terminer cette portion chronométrée n’accordant aucun répit. Il faut se remobiliser pour rallier le départ de la spéciale suivante au prix d’un premier poussage qui offre cela dit un très beau panorama. Je pioche sérieusement dans la suite de l’ascension. Les gouttes commencent à tomber, ne traînons pas!
Plein gaz! Ça relance, ça tourne, ça saute. Le « flow » est bon jusqu’à une épingle, où, surpris par une ornière, je goûte à la terre locale, encore à l’état de poussière sur ce tronçon. Guidon légèrement de travers, je poursuis l’aventure ô combien physique avec une méchante remontée mais aussi de belles lignes aériennes.
Retour au paddock sous les assauts célestes…. Malgré un important retard suite à une interruption de course (intervention des secours) avant la SP2, la dernière spéciale est maintenue. L’horloge a déjà beaucoup tourné, il pleut sévèrement, la fatigue déjà bien incrustée autant que l’humidité. Le ravitaillement en guise d’encouragement. On se motive avec quelques autres pilotes pour rejoindre l’émetteur, encore visible au sommet de la bosse, avant qu’il ne disparaisse définitivement dans le brouillard.
Là-haut, le vent et la pluie redoublent d’intensité. Les dernières forces ont été abandonnées sur les raidards goudronnées. On laisse le peloton se décanter un peu avant de s’embarquer de cet ultime manège, déjà expérimenté il y a 4 ans. Sortie de terre par la force et la sueur des organisateurs, cette 4ème spéciale n’a pas perdu de sa saveur même dans ces conditions dantesques. Le grip demeure plutôt bon et la dernière partie supersonique et rythmée nous a redonné la banane. Une petite euphorie…et les crampes m’accompagnent vers le paddock. Douche chaude et succulent repas en compagnie des autres coureurs nous remettent d’aplomb pour le lendemain.
Dimanche, avec l’annulation annoncée d’une spéciale, « seules » deux portions chronométrées nous attendent. Une première liaison bien éprouvante mais très charmante conduit les participants vers la SP6. Très variée, les nombreux rochers sprayés constituent autant de pièges à éviter. Les ultimes épingles sont plutôt périlleuses à négocier. Malgré des sensations mitigées, second chrono sur cette spéciale! Un joli coup de boost pour la dernière liaison du WE, la même que la SP4, même cette fois-ci sous un soleil bienvenu.
Un très beau et ludique zig zag dans les bois entrecoupé d’une partie plus pédalante au milieu. Précision de rigueur et innombrables pieds sortis pour tenter de rester sur la monture dans la partie finale bien glissante. Ce combat avec la gravité a encore malmené mes adducteurs, ça tire méchamment mais la ligne d’arrivée est franchie. Qu’importe, beaucoup de plaisir aux commandes de mon Orbea Rallon très efficace et véritablement joueur.
Pédale douce jusqu’au centre de course. Les organismes fatigués, notre petite troupe prend désormais un malin plaisir à souffler un peu en se délectant d’une boisson au lactosérum sous un soleil encore éclatant. L’organisation nous a réservé un nouveau repas magnifiquement apprêté qui porte jusqu’à la cérémonie protocolaire. 9ème le samedi, auteur d’une seconde journée sans trop de bavures, j’accroche finalement la 4ème place scratch, rassurant. Félicitations à Patrick Lüthi pour son impériale victoire. Au-delà du résultat, un WE qui fait véritablement du bien! Et un agréable retour au pays avec les potes.
Un grand merci à toute l’équipe organisatrice, aux nombreux et sympathiques bénévoles pour la qualité de l’événement qui sublime votre belle région. Une sincère pensée au jeune accidenté.
Après ce lancement idéal de la saison, rendez-vous à Scuol dans les Grisons pour l’ouverture de l’Endurohelveti’Cup au début du mois de juin.
Portez-vous bien, à bientôt!
Emmanuel